Cette ferme, qui n’existe plus aujourd’hui (elle a été rasée pour laisser place à la D700) , une des portes est exposée au musée de Wattrelos dans le stand menuiserie.
Elle porte le nom de son dernier occupant à savoir la famille Malvache-Fermaut, …l’histoire de cette ferme n’est pas anodine.
Le récit ci-dessous est issu d’un document récupéré dans les années 70 (source inconnue)

HISTORIQUE

La ferme dite Malvache du nom de son dernier occupant, est située sur un ensemble de terres, dénommé fief des Mottes au moins depuis 1546.Ces terres étaient tenues par les Seigneurs de Wattrelos, c’est à dire les abbés de Saint Bavon de Gand. S’y trouvaient alors un manoir, et 9 bonniers de terres.

Puis de 1686 à 1784, le fief des Mottes appartint aux Pères de la Compagnie de Jésus du Collège de Courtrai, à charge pour eux d’y mettre un homme qui toute sa vie occuperait les propriétés,et de payer 2 patagons chaque année, tant qu’ils posséderaient le fief.

Le Plan de 1732, Branche de Lobel, et son décryptage par Monsieur Desreumaux, nous renseignent sur le nom d’un des premiers occupants de ces terres : il s’agit d’Antoine Delebecque (av 1700-8/8/1787), dont on peut penser que son père Jean Baptiste Delebecque tint le fief avant lui. Antoine avait épousé Agnès Françoise Motte, le 30/10/1726, qui lui donna deux fils, Antoine et Jean Baptiste avant de décéder en 1742. De son remariage avec Marguerite Jeanne D’Halluin naîtront Léonard et Jean François. Ce dernier, né le 25/5/1748, reprendra le bail de son —père, après avoir épousé Marianne Joseph Fremaux, le

2/6/1784.

On aperçoit sur ce plan le manoir, déjà encadré par les chemins et sentiers qui l’accompagneront à travers le temps. Un premier sentier s’en va vers l’est, pour rejoindre un chemin qui vient de l’église d’Estaimpuis et qui rejoint le moulin de la Walengrie, où notre fermier devait sans doute apporter le produit de sa récolte : le même sentier se poursuit en passant devant le manoir pour filer plein ouest jusqu’à la terre du Gauquier; un autre sentier va plein sud rejoindre un gué sur les terres de Pierre Labis: enfin un sentier s’en va rejoindre après avoir bifurqué deux fois au Nord, le chemin d’Audenarde. Le manoir semble entouré de bois, ou d’arbres…
Le 16 avril 1784, François Joseph Potteau, seigneur de Courtisempire, (fief situé à Roncq), relève les Mottes qu’il vient d’acquérir. Ce grand bourgeois de Lille, où il est né en 1738, dans la paroisse de Sainte Catherine, est écuyer. II habite … des Jésuites à Lille, et son mariage en 1767 avec Isabelle Goudeman, lui donnera deux enfants : Marie Isabelle Françoise et Joseph François de Paule. Il semble que l’occupant est toujours Jean François Delebecque. Mais la Révolution verra se modifier le destin des deux hommes. Le gros propriétaire terrien meurt à Dottignies en 1792. Le fermier, quand lui, décède le 2 mars 1791. Qu’advient-il de la propriété ?

François Joseph Potteau possédait outre de nombreuses propriétés tout autour de Lille, une ” »campagne” à Dottignies, où il avait coutume de passer l’été en famille. C’est ce qu’il fait en 1791, mais la maladie le prend et il y mourra le 5/3/1792. Ce fait serait finalement très anodin, si la période historique l’était aussi. Mais l’Assemblée nationale a décrété le 9 février 1792, que les biens des Français se trouvant à l’étranger seront confisqués au profit de la Nation. C’est le cas de notre propriétaire, qui sera rapidement déclaré émigré, et dont les biens seront inventoriés pour être vendus un peu plus tard à la chandelle. L’acte des biens nationaux nous apprend que c’est la veuve de Jean François Delebecque qui tient la maison, le 22 prairial an II, soit le 10 juin 1794.

Un autre document établi par le Maire et les officiers de Wattrelos, daté du 5 Germinal an III, soit le 25 mars 1795, nous apprend que le 12/12/1793, en pleine terreur, l’émigré Potteau vient à la ferme des Mottes accompagné de soldats autrichiens pour toucher son loyer. Le père étant mort depuis plus d’un an, il ne peut s’agir que du fils, Joseph François de Paule, toujours à l’étranger, (il vécut un temps à Tournai avec sa sœur), et certainement à la recherche de subsides. Il mourra, définitivement émigré, à Erfurt (Allemagne)en 1796, peu avant les campagnes des armées françaises de 1796/97 menées par les généraux Kléber et Moreau.

Tous les biens sont donc vendus entre le deuxième jour complémentaire de l’an IV et le 13 thermidor an VII, soit de septembre 1796 à août 1800. Malgré tout, il semble que c’est Marie Anne Fremaux, veuve Delbecque, qui occupera la ferme jusqu’à sa mort, intervenue le 4 février 1820.

C’est en 1821, qu’on retrouve la trace de nos propriétaires et occupants : sur le registre du cadastre, la propriétaire est Sophie Potteau, dont la filiation n’a pu actuellement être établie avec le propriétaire précédent, et Félicien Delbecque, qui est l’un des fils de Jean François Delbecque et de Marie Anne Joseph Fremaux, né en 1799. Félicien Delbecque continue de figurer sur les registres d’imposition jusque dans les années 1850, mais on apprend qu’il est décédé à Estaimpuis.

En 1876, le cadastre indique que c’est Louis Joseph Briet qui vient d’Evregnies où il est né en 1834 qui occupe la ferme. 5on fils Adolphe Briet y naîtra le 21/8/1872, et fera la brillante carrière évoquée plus bas.

Le propriétaire à cette époque est Félix Clouet, demeurant 8 Place du Concert à Lille, et en 1905 ce sera Madame Valentine Buxeuil de Clouet, sa fille, qui habite 156 rue François ler à Paris.

En 1932, Monsieur Arthur Liagre rachète la ferme et en 1936, elle est occupée par Cyrille Malvache, jusqu’à sa mort intervenue dans les années 1950, sa femme Marie Louise Fermaut et ses deux enfants Ferdinand et Noël Malvache, prenant la succession. Entretemps, Monsieur Liagre a donné en héritage la ferme et les terres à sa fille, Suzanne, à qui nous devons la superbe photo aérienne de la ferme et une partie des renseignements qui ont permis de reconstituer l’histoire des propriétaires et occupants de la ferme dite « Malvache”, du nom de ses derniers occupants.

Ferme des Malvache à Wattrelos
Ferme des Malvache à Wattrelos